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Michael Mann à Lyon : Retour sur sa carrière passée et à venir !

Laura Nodari

Laura Nodari

Après avoir reçu le 17e prix Lumière vendredi soir, Michael Mann est revenu sur son art récompensé, lors d’une conférence de presse samedi matin.

Né à Chicago, Michael Mann s’est imposé comme l’un des grands noms du cinéma américain au cours des quarante dernières années. Réalisateur de douze longs-métrages, il est notamment célèbre pour Heat (1995), film policier emblématique réunissant Al Pacino et Robert De Niro.

Dans ses autres longs-métrages, il a également collaboré avec plusieurs grands acteurs : Daniel Day-Lewis dans Le Dernier des Mohicans (1992), Tom Cruise dans Collatéral (2004), ou encore Colin Farrell et Jamie Foxx dans Miami Vice (2006), adaptation de la série culte dont il était le producteur.

Michael Mann s’est aussi illustré dans le biopic, en mettant en scène Will Smith dans Ali (2001), consacré à la légende de la boxe Mohamed Ali, puis Adam Driver et Penélope Cruz dans Ferrari (2023), centré sur le fondateur de la célèbre marque automobile italienne.

Vendredi, Isabelle Huppert, prix lumière 2024, lui a remis la prestigieuse distinction cinématographique décernée pour récompenser l’ensemble de son œuvre et sa contribution à l’histoire du 7ᵉ art.

L’occasion pour le réalisateur de faire le point sur sa carrière passée et à venir.

Il a d’ailleurs commencé par évoquer le futur en parlant de Heat 2, venant compléter son premier volet. En effet, il a exprimé son besoin de raconter plein d’histoires sur les personnages du film, de développer certains aspects de leur vie qui n’avaient pas été abordés. Seulement, il fallait braver la mort de l’un des personnages. Ainsi, il a donc décidé de « jouer avec le temps » en partant d’un jour avant la fin du premier volet, pour remonter encore le temps en revenant sept ans plus tôt. « On va jouer avec la temporalité, histoire d’explorer encore plus et aller encore plus loin avec ces personnages ».

Cette suite, au budget colossal, qui sera tournée aux quatre coins du monde, c’est-à-dire à la fois à Chicago, Los Angeles, Singapour et au Paraguay sortira dans les salles contrairement à son film Ferrari qui avait été diffusé sur Amazon Prime.

Le cinéaste américain remarque cependant une société Amazon « en transition » qui est en train de devenir un véritable studio de cinéma avec de vraies ambitions de montrer des films sur grand écran.

Michael Mann s’est ensuite arrêté sur Ferrari, sorti en 2023. Ce film est né d’une amitié avec le fils d’Enzo Ferrari combinée à une passion pour le pilote et sa famille. « Enzo c’était quelqu’un de passionnant parce qu’il avait à la fois cette passion pour son travail, pour la vitesse, pour les voitures. C’était un géni. Mais en même temps, il avait un esprit plein de contradictions, quasiment violentes envers lui-même, […] il était acteur de sa propre vie ».

Il a donc choisi de raconter cette vie à partir d’une multitude de journaux intimes du pilote et industriel italien. Le réalisateur a vécu une véritable immersion dans cette vie en lisant ces textes très détaillés, jusqu’à revenir dans leur cadre spatial en se rendant chez le fils du coiffeur où se rendait Enzo Ferrari. Une vie qui pour lui avait un côté à la fois mélodramatique et très ironique, d’autant plus qu’il avait intitulé son autobiographie My Terrible joy.

Par ailleurs, Michael Mann a commenté sa manière d’utiliser les nouvelles technologies pour arriver aux images qu’il veut, par exemple avec les CGI, pour faire rajeunir ou vieillir ses acteurs dans son prochain film. De plus, il a notamment exposé la place de la femme dans ses films, son engagement politique, l’évolution de ses personnages au cours du temps, sa façon de retravailler avec persévérance ses films pour reprendre « ce qui était brisé », sans oublier son attachement au réel avant la fiction.

Pour finir, au-delà de l’interprétation de son propre travail, Michael Mann a brossé son portrait de cinéphile et spectateur. Quand il arrive dans les salles obscures, il est comme tout le monde, il cherche la meilleure place pour bien rentrer dans l’image et dans le son et après il absorbe : « Je suis ouvert à ce que propose les réalisateur ». En toute modestie, il a cité son admiration pour le réalisateur américain Christopher Nolan, obsédé par la réussite de chacun de ses plans, et pour la réalisatrice franco-sénégalaise Alice Diop (Saint Omer, 2022).