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PFAS : le Collectif des territoires en action lancent une étude d’imprégnation dans le périmètre Rhône-Isère-Ardèche

Axel Defrance

Axel Defrance

Le « Collectif des territoires en action » démarre en octobre une étude d’imprégnation sur les PFAS. L’objectif : mesurer pas des analyses sanguines le niveau d’exposition des habitants du Rhône, de l’Isère et de l’Ardèche à ces polluants éternels. Les premiers résultats sont attendus pour février 2026.

Une pollution révélée il y a cinq ans

La pollution aux PFAS, des substances chimiques utilisées dans de nombreux produits du quotidien, inquiète depuis plusieurs années. En 2020, un article de Libération avait déjà alerté sur leur présence dans l’eau du Rhône. Deux ans plus tard, la diffusion par Envoyé Spécial de l’enquête « Vert de rage » a mis en lumière l’ampleur du phénomène. Le maire d’Oullins-Pierre-Bénite dépose alors la première plainte contre X auprès du Procureur de la République, avant d’être rejoins par d’autres collectivités du territoire.

Face à l’inquiétude des habitants, plusieurs communes ont lancé leurs propres analyses pour mesurer la présence de PFAS dans l’eau, les sols et l’air. Réalisées à l’été 2022 par un laboratoire indépendant, ces analyses ont permis d’obtenir des résultats sur la contamination du territoire.

Ces substances proviennent des rejets d’industries, très présentes dans la région. La vallée de la Chimie, au sud de Lyon, en est l’un des exemples les plus marquants.

« On m’a dit : « il n’y a pas de norme, donc pas de danger ». C’est ce qui nous a poussés à agir. Nous avons décidé de nous rassembler pour partager nos expériences et agir ensemble », explique Jérôme Moroge, maire d’Oullins-Pierre-Bénite.

En 2023, quarante communes et syndicats des eaux se sont regroupés au sein du Collectif des territoires en action pour obtenir des données fiables et avancer ensemble.

Des analyses pour comprendre l’exposition

Le collectif engage aujourd’hui une nouvelle étape : la réalisation d’une étude d’imprégnation baptisée IMPACT. Cette enquête scientifique vise à mesurer la présence de PFAS dans le sang de la population. Un institut de sondage tirera au sort 500 habitants répartis dans les 150 communes du Rhône, de l’Isère et de l’Ardèche.

Elle doit permettre de savoir dans quelle mesure les habitants sont exposés à ces substances dites « éternelles », connues pour persister longtemps dans l’environnement et dans le corps humain.

Chaque volontaire répondra à un court questionnaire et réalisera un prélèvement sanguin dans un laboratoire lyonnais partenaire. Les analyses permettront de dresser un état des lieux précis de l’impact sur le territoire. Les participants recevront leurs résultats individuels et les données globales seront rendues publiques début 2026.

« Notre objectif est d’obtenir une photographie à un instant donné pour comprendre les différences d’exposition selon les zones et les habitudes de vie », précise Maëva Dupuis, biostatisticienne en charge de la méthodologie scientifique.

Une démarche scientifique indépendante

Le collectif conduit l’étude dans un cadre 100% public, financé par les collectivités à hauteur de 100 000 euros. Elle suit un protocole validé par un Comité de Protection des Personnes et respecte la législation française sur la recherche médicale et la protection des données.

Une équipe scientifique indépendante pilote le projet avec un laboratoire lyonnais accrédité, reconnu pour son expertise dans la détection des PFAS. L’objectif : obtenir des données fiables et comparables aux références nationales et européennes, notamment l’étude ESTEBAN de Santé publique France.

Cette étude nationale dresse une photographie générale de la présence des PFAS dans la population française. L’étude IMPACT à pour but de la compléter à l’échelle régionale. Le but est d’affiner la compréhension des réalités locales et d’adapter les politiques publiques.

« La base de notre combat commun, c’est le dépôt de plainte », rappelle Jérôme Moroge. « Mais cette étude indépendante est la clé pour comprendre, pas pour accuser. »

Des résultats attendus pour début 2026

Le lancement officiel de l’étude débute dès octobre. Ses premiers résultats, attendus en février 2026, viendront compléter les enquêtes judiciaires en cours sur la pollution aux PFAS.

En parallèle, plusieurs communes poursuivent leurs propres actions. À Simandres, la mairie a installé des filtres à charbon actif pour améliorer la qualité de l’eau. « Nous renouvelons nos filtres tous les deux ans. C’est un investissement lourd, mais nécessaire pour garantir une eau de qualité », explique Michel Boulud, maire de la commune.

À Chaponost, le maire Damien Combet insiste sur l’importance d’une approche scientifique : « Nous avons constaté des taux élevés dans certains prélèvements. D’où la nécessité d’une étude sérieuse »