LYON 1ère

LA PRÉFECTURE DU RHÔNE PEUT-ELLE UTILISER DES HÉLICOPTÈRES POUR SURVEILLER LES MANIFESTATIONS ?

Emmanuel Rivals

Emmanuel Rivals

Crédit photo : CC BY-SA 3.0 – Manfred Werner

La demande de maintien des hélicoptères au sol a été refusée par le tribunal administratif de Lyon. Lionel Perrin, du comité contre les violences policières, était l’invité du Grand Direct, ce 7 mai, pour nous expliquer sa vision de l’utilisation des hélicoptères de surveillance.

Selon Lionel Perrin, « Lyon est la ville de France la plus surveillée par l’hélicoptère, surnommé « BAC hélico » par la police. Des vols qui coûteraient entre 1600 et 1800 euros par heure ». Une surveillance qui n’est pas la bienvenue selon Lionel Perrin, membre du comité contre les violences policières. Deux grandes raisons viennent renforcer ses propos. « On s’est rendu compte que la présence d’un hélicoptère n’était pas encadrée par la loi. C’est un outil qui fait du fichage de façon précise et profonde à plus de 300 mètres. » Un outil qui selon notre interlocuteur ne serait pas déclaré. « En France, les outils de surveillance de ce type doivent être encadrés et déclarés. » Le second axe de son raisonnement repose sur la pertinence d’un appareil tel que celui-la. « On ne sait pas ce qu’ils font de ces images, est-ce vraiment pertinent d’utiliser des hélicoptères pour faire de la surveillance ?« 

« Dès qu’une manifestation se présente, un hélicoptère décolle. » Selon ses informations, en mars, au-dessus de la rue Vauban à Lyon, un hélicoptère était de sortie pour seulement 500 personnes et « personne ne sait vraiment pourquoi ? » Une présence qu’il juge anxiogène et « déconnectée de l’intérêt et des usages. » Il explique l’utilisation répétitive de ces dispositifs par la proximité de la ville avec sa base aérienne. « Contrairement aux villes comme Paris ou Marseille, l’aire de décollage est proche de Lyon, donc c’est facile pour eux d’avoir un engin toujours prêt pour se rendre sur place. » Une façon de faire qui se serait généralisée dans les années 2010, « jusqu’à devenir systématique dans les années suivantes. » Pourtant, il estime que ce n’est pas un appareil nécessaire dans toutes les situations. « À Lyon, on utilise systématiquement un hélicoptère, dans d’autres villes non. Cela prouve que cet outil n’est pas nécessaire et ils (les forces de l’ordre) peuvent très bien s’en passer.« 

La récente loi « sécurité globale » permet l’élargissement de l’utilisation des caméras de vidéosurveillance et des caméras piétonnes. Pour Lionel Perrin, c’est « disproportionné ». « La loi prévoit la possibilité de filmer des manifestations et des opérations et de les transmettre en direct au centre de commandement, c’est comme dans les films. C’est du contrôle et du fichage qui va bien au-delà de la simple prévention de la délinquance. C’est un système de surveillance globalisé. » Pour lui, la police voudrait garder la main mise sur les images et il attend de voir comment ces outils seront utilisés à l’avenir.

Malgré nos demandes, les autorités compétentes n’ont pas souhaité réagir.