Quarante-cinq ans après leur enregistrement, l’université de Stanford dévoile au monde des archives inédites concernant la mort de Jean Moulin, raconté par Klaus Barbie lui-même.
Ce week-end, La Tribune Dimanche révèle une archive historique inédite : un enregistrement de 14h dans lequel Klaus Barbie revient sur Jean Moulin.
En 1979, alors qu’il a refait sa vie en Bolivie, loin du tumulte européen, l’ex-chef de la Gestapo à Lyon va se livrer pendant 6 jours au journaliste allemand Gerd Heideman. Au cours de ces confessions, il affirme : « Jean Moulin, il n’a pas été torturé, on ne l’a pas touché ».
Au cours de ces enregistrements, Barbie se rappelle : « J’ai longuement discuté avec lui, de politique et de tout. Il m’a dit à l’époque : vous perdez la guerre, vous ne pouvez pas y arriver. Un homme très intelligent. J’ai essayé de le retourner, lentement, mais je n’y arrivais pas. Rien. Pas un son, pas un mot. Tant qu’on parlait avec lui de choses politiques, il était ouvert. Mais dès que je commençais à lui demander de parler de Londres, de son saut en parachute, de ses activités, c’était fini. C’est pour ça que je le respecte. »
« Il a pris son élan et s’est jeté contre un mur »
Pour lui, la mort de Jean Moulin n’était rien d’autre qu’un suicide, il livre cependant de nouvelles circonstances : « Il s’est raté. Un de mes soldats n’a pas fait attention. (Moulin) était attaché. Mais je ne lui ai pas entravé les pieds. Il a pris son élan et s’est jeté contre un mur ». Un scénario qui reste peu crédible pour les historiens bien que l’éventualité d’une nouvelle tentative de suicide ne soit pas à exclure entièrement, après celle de juin 1940.
« Il s’est en partie fendue le crâne, précise l’ancien SS. Est-ce qu’il est mort à cause de cela ? Oui. Mais je l’ai quand même emmené à Paris, personnellement, de nuit, avec un homme à moi (…) puis il a été transféré à Francfort, et il est mort en chemin. » Se remémore-t-il.
Le paradoxe du meilleur ennemi
Klaus Barbie révèle alors, comme une anecdote, qu’il a fait déposer des fleurs sur la tombe de Jean Moulin au Panthéon : « Un ami de passage à Paris m’a dit : Klaus, j’étais aujourd’hui sur la tombe de Jean Moulin et en ton nom, j’ai déposé une fleur ».
En 1983, Klaus Barbie est finalement extradé en France et jugé coupable le 4 juillet 1987 de crime contre l’humanité et condamné par la Cour d’assises de Lyon à la réclusion à perpétuité.
Demeurant un nazi convaincu et fier, il assure que s’il devait naître mille fois encore, il le referait mille fois. Il meurt en détention d’un cancer en 1991.