LYON 1ère

FESTIVAL LUMIERE 2025 : DOMINIQUE BLANC DE RETOUR À LA MAISON

Laura Nodari

Laura Nodari

De retour dans sa ville natale, Dominique Blanc a été chaleureusement accueillie ce dimanche matin au Pathé Bellecour pour un moment de partage dans le cadre de sa Master Class.

« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront ».

C’est conformément à ces mots de René Char que la grande actrice du théâtre et du cinéma français est revenue sur l’ensemble de sa carrière traversée avec courage, force et persévérance.

Connue pour avoir tourné avec de grands réalisateurs comme Louis Malle, Régis Wargnier, Claude Chabrol ou Patrice Chéreau. Elle remporte plusieurs César, rejoint la Comédie-Française en 2016, et est récompensée par plusieurs Molières. Au théâtre, elle incarne des rôles marquants dans Britannicus, Le Tartuffe, ou encore le personnage éponyme de Phèdre. De la scène aux écrans, elle se distingue par la puissance de son interprétation et la finesse de sa sensibilité. Cette brillante carrière ne s’est cependant pas dessinée sans embuche.

Sous le regard des lyonnais, mais aussi de son époux Christian et de son frère, elle s’est rappelée ses débuts difficiles pour imposer sa passion.

Guidée par les questions du journaliste Carlos Gomez, elle s’est remémorée avec nostalgie les cours déterminants de sa professeure d’art dramatique et de littérature dramatique à Lyon, Janine Berdin, avec qui elle a gardé un lien jusqu’à son décès en 2023. Cette dernière avait vu en elle une lumière spéciale, raison pour laquelle elle l’avait incité à préparer le conservatoire.

Dominique Blanc a alors évoqué ses études d’architecture qu’elle a choisies après avoir hésité à s’orienter dans le domaine de la psychiatrie. Mais elle a suivie ces deux années universitaires sans conviction pour respecter la volonté de ses parents. Elle a d’ailleurs ironisé la douceur de son père, « assez sombre », qui avait menacé de la mettre à la porte si elle décidait d’entrer au conservatoire sur les conseils de sa professeure.

Après avoir présenté les Cours Florent, où elle était alternativement étudiante le soir et femme de ménage le jour, elle a avoué avoir été recalée trois fois au conservatoire.

Elle a ainsi reconnu avoir souvent été poussée vers la sortie mais avoir toujours gardé une certaine pugnacité :   « Quand j’étais sur scène sur le plateau de la salle des cours Florent, j’avais un sentiment d’harmonie et de bonheur intérieur qui était tellement fort que, je crois que, c’est ce qui m’accrochait ».

Elle est heureusement repérée par Patrice Chéreau, qu’elle présente comme un artiste « d’une extrême timidité et visionnaire » avec qui elle tournera La Reine Margot et Ceux qui m’aiment prendront le train, et jouera aussi sur les planches du TNP à Villeurbanne. Chéreau a su la regarder, elle a d’ailleurs déclaré : « j’ai senti ce regard, j’ai senti cette confiance, j’ai senti que dans son regard j’étais légitime ». Expérience qui a donc contrasté avec de premières mésaventures dans son art.

Avec ce metteur en scène influent, elle se sentait « au Zénith ». Sur le plateau le jour, au théâtre le soir (à l’Odéon où elle jouait Maison de Poupée qui durait trois heures), elle vivait à un rythme effréné, avec comme moyen de locomotion une ambulance accommodée à sa cadence et qui lui permettait de dormir : « C’était grisant, enivrant. On se sent une espèce de superwoman, on se sent inventive, ça galvanise ! »

En outre, elle s’est particulièrement arrêtée sur son rôle dans Milou en mai, de Louis Malle. Le seul film dans lequel elle joue qu’elle peut regarder tant elle ne peut résister à son charme et sa légèreté.

Elle a évoqué aussi son amitié avec Nina Companeez réalisatrice de plusieurs téléfilms, dont l’Allée du roi, dont elle espère une rediffusion prochaine. En effet, cette fresque historique de quatre heures qui retrace le destin de Françoise d’Aubigné, Marquise de Maintenon à la cour de Louis XIV, reflète un riche travail au niveau de la qualité des reconstitutions historiques, des costumes et des performances de Dominique Blanc.

Par ailleurs, Dominique Blanc est revenue sur le tournage avec Léonardo DiCaprio dans le film Rimbaud Verlaine d’Agnieszka Holland. Elle y jouait la sœur de la star américaine. Elle a salué l’humilité de l’acteur notamment quand elle l’a retrouvé cette année à Cannes pour lui rappeler ce tournage des années 90 : « je l’ai trouvé identique, aussi simple, aussi direct et aussi spontané ce qui est rarissime ».

Elle a mentionné son récent rôle dans Partir un jour, d’Amélie Bonnin. Elle a associé son personnage de Fanfan à un véritable personnage de Tchekhov : qui fume, qui chante Paroles Paroles, qui souhaite partir en Italie en vain… L’occasion pour elle de rappeler avec modestie que son travail d’actrice ne fait pas la beauté d’un personnage. Il faut avant tout la plume du réalisateur.

Remarquons que Dominique Blanc se considère avant tout « comédienne » plutôt « qu’actrice qui rime trop avec caprice ».

Enfin, la lyonnaise a reconnu éprouver « beaucoup de joie, un grand bonheur » et considérer qu’il s’agit « d’un grand honneur » de revenir dans sa ville natale et de voir que le public l’attendait depuis très tôt le matin. D’autant plus, qu’elle regagnait le cinéma où elle a fait ses premiers pas de spectatrice : le Pathé rue de la République où elle était accompagnée par son frère ainé cinéphile.

Une conférence sous le signe de l’humour, de la timidité et de l’humilité à l’image de cette grande comédienne française.

A l’issue de la master class, Dominique Blanc a maintenu sa proximité avec le public en dédicaçant son ouvrage Chantiers, je.