LYON 1ère

RHÔNE : LES AGRICULTEURS MANIFESTENT CE MARDI A LYON

Ambre Xerri

Ambre Xerri

Les agriculteurs de la région sont appelés par leur syndicats à descendre dans les rues de Lyon ce mardi 21 février. Une mobilisation qui vise à dénoncer la perte de souveraineté alimentaire française.

La colère monte chez les agriculteurs du Rhône. Après un premier mouvement à Saint-Étienne ce lundi 20 février, les manifestants s’apprêtent à descendre dans les rues de Lyon ce mardi 21 février. Deux convois d’une cinquantaine de tracteurs devraient prendre la route vers 10h30 au départ de la Tour de Salvany et de Brignais en direction de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL). La mobilisation prendra fin devant la préfecture, dans le 3e arrondissement de Lyon aux alentours de 13h00.

À l’initiative de ce mouvement, figurent la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FDSEA) et les Jeunes Agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes. L’objectif ? Alerter sur les risques concernant la perte d’une souveraineté alimentaires française, mais aussi, mettre les projecteurs sur la difficulté des conditions de travail couplée au faible niveau de rémunération de la profession. Les agriculteurs demandent notamment  « un arrêt immédiat de toute importation de produits alimentaires qui ne respectent pas les normes de production en France » et « des outils et des moyens ambitieux à la hauteur des enjeux pour accompagner les transitions et les adaptations aux conséquences du changement climatique ».

Des revendications qui persistent

Les revendications des manifestants sont nombreuses : concurrence déloyale de produits exportés de l’étranger, manque d’attractivité de la profession, ou encore réglementations environnementales jugées trop contraignantes. Fin mars 2021, les agriculteurs s’étaient déjà mobilisés contre la décision de la mairie de proposer des menus uniques sans viandes. La loi EGalim, qui présentait selon eux « plusieurs dysfonctionnements », faisait également l’objet d’une vive opposition. 200 tracteurs s’étaient réunis le 25 mars place Bellecour pour protester contre un texte qu’ils jugeaient « inefficace » dans ce qu’il promettait – à savoir, une meilleure rémunération par le rétablissement d’un équilibre entre les relations commerciales du secteur agricole et alimentaire.

« Il faut arrêter de dire qu’on peut nourrir les Français pour pas cher et faire des agriculteurs la variable d’ajustement », tance Nicolas Lenoir, président des Jeunes Agriculteurs de la Loire, auprès de nos confrères de France 3 Régions. En 20 ans, la production de pommes françaises a été divisée par deux en raison, entre autre, d’un manque de compétitivité. Le coût des fruits et légumes étrangers étant le plus souvent bien inférieur aux produits issus de l’agriculture française, les consommateurs, qui privilégient les petits prix en période d’inflation, tendent à préférer les premiers au seconds.

Une compétitivité en constante baisse

Une baisse de compétitivité des produits agricoles français qui se traduit donc par une diminution des exportations et une hausse des importations. « 60 % des fruits et légumes sont importés », assure Elsa Michallet, secrétaire générale de la FDSEA, à nos confrères du Progrès.

Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. À l’orée du XXIe siècle, la France figurait au rang du deuxième exportateur mondial. Aujourd’hui, elle n’est plus qu’à la sixième place, et perd ainsi son statut de plus grand fermier d’Europe. Pis, elle serait devenu le seul grand pays agricole au sein duquel les parts de marché reculent.

Un métier de moins en moins attractif

Les syndicats agricoles alertent également sur le manque d’attractivité de la profession. « Une vache sur deux est détenue par un agriculteur qui a plus de 50 ans, alerte un représentant syndical. On a beau aimer notre métier, Il faut qu’on puisse vivre décemment, si on veut attirer les jeunes ».

Et pour cause, les difficultés du métier liées aux conditions de travail et au manque de reconnaissance n’encouragent pas les jeunes à devenir agriculteurs, ni à reprendre l’exploitations de leurs parents. En cinquante ans, les trois quarts d’entre-elles ont disparu, passant de 1,6 millions à près de 389 500, selon les chiffres du recensement agricoles. En 2020, 12 510 chefs d’exploitation se sont installés, soit un taux de renouvellement de 2,9% qui reste « structurellement insuffisant et rend compte de la diminution des exploitations agricoles françaises ». À cela, s’ajoutent de très faibles revenus qui ne permettent pas de compenser avec la pénibilité des conditions de travail. Fin 2021, d’après l’INSEE, 18% des ménages agricoles vivaient en dessous du seuil de pauvreté contre 13% de ceux exerçant une autre profession.

Une grogne liées à des problématiques qui ne se cantonnent donc pas aux agriculteurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes, comme en témoignent les défilés de tracteurs qui ont eu lieu dans les rues de Toulouse et de Bordeaux ce vendredi 17 février. Des agriculteurs avaient également manifesté à Paris au début du mois contre l’interdiction des néonicotinoïdes.