LYON 1ère

REVALORISATION DES CONSULTATIONS : LES SYNDICATS DE MÉDECINS REJETTENT LES TARIFS PROPOSÉS PAR L’ASSURANCE MALADIE

Ambre Xerri

Ambre Xerri

Les deux principaux syndicats de médecins ont rejeté à l’unanimité ce dimanche 26 février les nouveaux tarifs proposés par l’Assurance maladie. Faute d’accord, un arbitre a été désigné par l’exécutif afin de fixer une nouvelle grille des tarifs qui aura vocation à s’appliquer pour les cinq prochaines années.

Rare en ces temps mouvementés qui secouent le débat public, l’unanimité a refait surface ce dimanche 26 février. Les deux principaux syndicats de médecins libéraux – MG France et Avenir-Spé – ont rejeté les nouveaux tarifs des consultations proposés par l’Assurance maladie. 100 % des 98 % de participants au vote ont répondu par la négative aux propositions de revalorisation des grilles tarifaires en contrepartie d’un engagement à augmenter leur activité.

Que ce soit du côté des généralistes ou des spécialistes, la position reste la même. Les syndicats n’accepteront pas le projet de revalorisation de l’exécutif. « Un vote négatif à l’unanimité (…)C’est historique », a déclaré la présidente du syndicat des médecins généraliste MG France, le docteur Agnès Giannotti. « On a fait ce qu’on a pu, c’est un échec », déplore de son côté Patrick Gasser, président du syndicat de spécialistes Avenir Spé, avant d’ajouter que désormais, « la responsabilité en incombe à d’autres, au gouvernement et au dessus ».

Un accord qui n’aboutira pas

Les six syndicats ont jusqu’à mardi 28 février pour accepter ou non la nouvelle grille de tarifs des consultations proposées par la Sécurité social, et qui aura vocation à s’appliquer pour les cinq prochaines années. Il n’en reste pas moins qu’en l’état actuel des choses, il est peu probable que deux des quatre autres syndicats fassent le choix de l’alliance. « Il n’y aura pas d’accord d’ici demain soir, c’est à peu près certain, même si je veux toujours croire au bon sens », a déclaré ce lundi 27 février le ministre de la Santé François Braun sur France Inter. Faute d’accord entre les syndicats et la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), les nouveaux tarifs seront fixés par un arbitre désigné par l’exécutif. En l’espèce, une ancienne inspectrice générale des affaires sociales à la retraite, Annick Morel.

Sur la table des discussions depuis le début de l’année, la proposition de la Cnam prévoit que toutes les consultations médicales soient revalorisées de 1,50 euros. Un effort d’1,5 milliard d’euros pour l’État, « plus que ce qu’on a jamais fait dans les conventions précédentes », a rappelé le ministre de la Santé François Braun. Pour un généraliste, cette revalorisation sans conditions porterait la consultation à 26,50 euros contre 25 euros depuis 2017. Seuls les médecins acceptant de prendre des « engagements territoriaux » pourraient voir leur tarif de consultation dépasser la barre des 30 euros. Parmi ces engagements territoriaux, figurent la prise en charge d’un nombre supérieur de clients, la participation aux garde, ou encore, l’exercice dans les déserts médicaux.

Une revalorisation qui ne pallie pas au manque de reconnaissance

Seulement, « dire qu’il faut qu’on s’engage, ça veut dire qu’on ne le fait pas et ça, c’est absolument inaudible pour la profession », soulève Agnès Gianotti, qui pointe le « manque de reconnaissance » à l’égard des médecins généralistes. La patronne de MG France avait notamment plaidé pour que la hausse du tarif des consultations soit portée à 30 euros sans condition. Une demande qui s’est soldée par une fin de non-recevoir de la part de l’exécutif, qui exige pour cela que que les praticiens s’engagent à au moins deux des nombreuses conditions prévues dans la liste.

« Je trouve que les syndicats de médecins ne sont pas responsable (…) quand on dit faire une garde, c’est une garde par mois, donc arrêtons de dire que c’est une pression intolérable », a fait valoir M. Braun qui a également rappelé que  « la rémunération moyenne d’un médecin généraliste est de 90.000 euros par an ». « On peut considérer que c’est une rémunération juste, surtout qu’avec cette convention on va rajouter 20.000 euros de plus par an » . Et de conclure : « Ce n’est pas travailler plus, c’est travailler différemment ».

Vers un déconventionnement ?

Face à un exécutif campé sur ses positions, certains syndicats agitent la menace d’un déconventionnement de nombreux médecins qui souhaitent retrouver leur liberté tarifaire. À la tête du syndicat ultra libéral l’Union française pour une médecine Libre (UFML), le docteur Jérôme Marty exigeant que les consultations de base soient facturées 50 euros, se prépare dès maintenant pour les assises du déconventionnement qui se tiendront le premier week-end de mars.