Depuis ce mercredi 22 juillet, les librairies peuvent déposer leur demande pour une nouvelle aide proposée par le Centre National du Livre (CNL). C’est l’occasion pour nous de se pencher sur nos librairies lyonnaises et de voir comment s’est passée la reprise de leur activité depuis le déconfinement.
Contraint à la fermeture durant le confinement, les libraires ont fait face à une situation inédite qui les a privés de leur chiffre d’affaire et a fait fondre leur trésorerie. Tandis que certains ont pu mettre en place un système de drive, les autres ont profité de cette période pour se réinventer.
À leur plus grande surprise, la sortie du confinement a été très encourageante pour les librairies indépendantes avec une hausse exceptionnelle des fréquentations et des ventes. Cela s’explique par un retour des clients fidèles, mais aussi par l’arrivée de nouveaux clients qui ont témoigné d’une véritable prise de conscience.
Pour Frédérique, co-responsable de la Librairie du tramway, beaucoup de ses clients ont décidé de retourner dans les magasins de proximité pour faire vivre une économie à l’échelle locale en ayant à l’esprit que le prix du livre reste le même partout.
« Pour la librairie indépendante pendant quatre semaines on a vécu presque un mois de décembre. Il y a eu je pense un acte militant de la part des gens. On avait eu l’impression que les gens pendant le confinement commandaient en masse sur internet et se tournaient vers les liseuses ou les livres numériques. Alors peut-être que ça a comblé un manque chez certains, mais en tout cas l’habitude n’est pas restée », nous a-t-elle expliqué.
Noémie de la Librairie Rive Gauche a aussi été témoin de cette considérable augmentation de commandes : « on a eu des quantités de commande qu’on avait jamais vu depuis l’histoire de la librairie ». Dans son cas, cela ne lui a cependant pas permis de rattraper toutes ses pertes. Déjà endettée par des travaux, pendant le confinement elle a cherché de l’argent auprès de toutes les structures adaptées au monde du livre et de sa banque. L’aide du CNL lui apportera davantage que des prêts qui ne sont que des endettements supplémentaires.
Maintenant, pour tous nos libraires, il reste à appréhender la rentrée, qui vacille entre optimisme et incertitude.
La Librairie du tramway a relancé leur programme de rencontre à partir de septembre sans toutefois être certaine de sa réalisation : « C’est très angoissant et le doute est le même pour les fêtes de fin d’année. C’est à nous, libraires indépendants, de mettre en place des outils dont on a pas l’habitude : des systèmes de livraison, des paiements en ligne, des conseils sur internet ou par téléphone… Dans le cas où au mois de décembre notre rayon est confiné ou si on déconseille aux gens de se rendre dans les magasins si le virus circule beaucoup : on envisage plein de scénarios hypothétiques ! », déclare Frédérique.
Philippe Monnier, libraire depuis 1996 dans la Librairie des Canuts, se montre quant-à-lui plutôt optimiste pour la rentrée et a l’impression qu’il y a un regain. Après le confinement, il a lui aussi constaté une forte reprise qui lui a permis de rattraper son retard. Mais contrairement à l’ordinaire les demandes ont beaucoup portées sur des livres de fonds plutôt que sur des nouveautés : « je pense que nos clients ont dû consulter leur bibliothèque et constater des manques pour certains auteurs donc on a eu pas mal de commandes dans ce cadre là mais aussi sur des coups de cœur découverts pendant le confinement parce qu’on a beaucoup lu, on en avait le temps. »
Ainsi, le secteur du livre a su surmonter la crise sanitaire et en ressortir encore plus fort grâce à une véritable prise de conscience commune de la part des lecteurs. Toutefois, les libraires indépendants, qui sont encore dans le besoin pour surmonter les difficultés financières et économiques, peuvent, jusqu’au 30 septembre, faire une demande d’aide exceptionnelle sur le site du CNL : https://centrenationaldulivre.fr/aides-financement/aide-exceptionnelle-aux-librairies-francaises