C’est un projet vieux de 20 ans qui verra le jour place Carnot, dans le 2nd arrondissement de Lyon. Sous la forme d’un appel à projet, collectivités et associations s’unissent pour ériger un mémorial de la Shoah et ainsi perpétuer le devoir de mémoire.
« Cette édifice sera un lieu symbolique, qui arrêtera le temps et emportera le poids », c’est par cette phrase forte que Jean-Olivier Viout, président de l’association pour l’édification d’un Mémorial de la Shoah à Lyon, lance la phase deux du projet. Après l’ouverture de la souscription publique de financement en septembre 2019, qui a déjà récolté 80% de la somme attendu, soit un total de 392 000 euros, collectivités et associations s’unissent à nouveau sous la forme d’un appel à projet lancé ce vendredi 10 février.
Une œuvre d’art significative
Pour ce faire, l’association donne une liberté totale aux artistes qu’ils soient lyonnais, français ou étrangers. Ils devront néanmoins respecter une seule demande : que le mémorial soit significatif. « Il faut qu’il y ait l’alchimie entre l’esthétique et la signification. Que ce soit quelque chose qui interpelle l’œil du passant, mais qu’il comprenne aussi directement de quoi il est question. Le mémorial ne portera qu’une brève inscription rappelant le nombre de victimes de la Shoah. », explique Jean-Olivier Viout.
La date limite du dépôt des candidatures est fixé au 31 juillet 2023. Elles seront présentées par la suite devant un jury composé d’architectes, d’historiens et d’urbanistes qui auront pour mission de retenir les 5 meilleurs projets. Le Conseil d’administration de l’association se réunira ensuite en avril 2024 pour présenter le projet retenu.
Place Carnot, un lieu hautement symbolique
Le lieu choisi pour édifier le mémorial n’est pas le fruit du hasard mais répond à un réel besoin de sens de la part de l’association : « Ce choix s’imposait. C’est en plein centre de la ville. Il faut que ce mémorial soit érigé là où tout le monde converge, où tout le monde peut le voir. La place Carnot est aussi à deux pas de la gare de Perrache, là où étaient formés les convois ferroviaires à destination de Drancy et des camps de la mort » souligne le président de l’association en charge de la construction du mémorial.
Le monument participe également à la formation d’un axe mémoriel fort qui part du Veilleur de pierre, symbole des martyrs de la résistance, situé place Bellecour, en passant par la rue Victor Hugo avec la borne de Verdun qui évoque le sacrifice des poilus pendant la Première Guerre mondiale. Cet axe continue ensuite avec la stèle des enfants d’Izieu puis au bout avec deux symboles forts situés place Carnot : la statue de la République à gauche et en face, le futur mémorial de la Shoah.
Symbole toujours, l’inauguration du monument est prévue le 27 janvier 2025, jour anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz.
Un devoir de mémoire
L’édification de ce mémoriel participe grandement au combat de mémoire que mènent depuis de nombreuses années dans les écoles les hommes et les femmes membre de l’association en charge du projet. Figure d’honneur de cette campagne, Claude Bloch, 94 ans et dernier rescaper lyonnais déporté dans les camps salue la démarche : « Il paraît que je suis le dernier. Ce mémorial, c’est ce qui restera après moi pour témoigner ».
Face à cette volonté, les collectivités s’unissent également pour parrainer la construction du mémorial. Ainsi la ville de Lyon prolonge l’engagement prit par l’ancien maire, Gérard Collomb, et apporte une contribution de 75 000 euros. De son côté, la Région Auvergne-Rhône-Alpes apporte une aide de 150 000 euros et affirme par le biais de son président, Laurent Wauquiez, que « l’édification d’un lieu de mémoire est indispensable pour lutter contre l’antisémitisme qui tue toujours ».