LYON 1ère

MASTER CLASS VIGGO MORTENSEN : DE L’ACTEUR AU RÉALISATEUR, RETOUR SUR LA CARRIÈRE D’UN ARTISTE OUVERT ET LIBRE

Laura Nodari

Laura Nodari

Connu internationalement pour son rôle d’Aragorn dans la trilogie du Seigneur des anneaux de Peter Jackson, Viggo Mortensen est avant tout un artiste complet qui présente une carrière hors norme multipliant les rôles marquants sur le Grand écran. De ses débuts d’acteur dans Witness à sa première réalisation avec Falling, cet amoureux de l’art et du voyage est revenu sur les expériences qui ont forgé sa vie d’artiste.

Viggo Mortensen est l’un des grands invités de cette 12e édition du Festival Lumière de Lyon. Depuis ses débuts dans les années 90 et particulièrement depuis les années 2000, il enchaîne les rôles dans de nombreux grands films tels que A History of Violence de David Cronenberg, Sur la route de Walter Salles, Loin des hommes de David Oelhoffen, Captain Fantastic de Matt Ross, ou encore Green Book de Peter Farrelly. Sa Master Class qui s’est tenue ce dimanche 11 octobre était donc très attendue des cinéphiles.

À 15H30, en présence du musicien Steve Nieve, le public de la Comédie Odéon a donc accueilli ce grand nom du cinéma international avant la projection lyonnaise en avant-première du premier long-métrage qu’il a réalisé, Falling.

Comme le veut la tradition un clip regroupant quelques-unes des plus belles scènes des films ayant marqué sa carrière, a été diffusé dans la salle pour rappeler le privilège de le recevoir dans la capitale des Gaules. Petit film qui lui a donné, à tort, l’impression d’être devenu vieux et qui lui a surtout fait penser aux disparus qui l’ont accompagné sur ces tournages. Il a néanmoins exprimé ne pas avoir de regret sur l’ensemble de son œuvre réalisée et avoir toujours appris, même en cas de résultats déceptifs de certains films : « Quand on commence ou qu’on cherche de l’expérience, on fait tout ce qu’on peut ».

Il est revenu sur le début de sa vie, sur sa naissance à New York, ses déménagements successifs en Amérique Latine, au Venezuela et en Argentine jusqu’à ses onze ans, puis au Danemark. Son enfance lui a donné l’amour de la route et du voyage. Il a déclaré savoir s’habituer à la diversité des régions où il passe, avoir une volonté inassouvie d’apprendre d’autres langues, d’autres cultures et de découvrir de nouvelles personnes : « J’ai des liens partout ». Un goût pour la liberté qu’il a hérité de sa mère mais il a aussi révélé avec humour avoir souvent voyagé à cause d' »une femme » avant de vouloir devenir acteur et de se stabiliser un temps aux États-Unis.

Beaucoup d’épreuves ont encombré son chemin mais il a su avancer et se frayer la place qu’il méritait. Il a aussi évoqué les difficultés de la notoriété, pour lui s’exposer publiquement n’a, dans un premier temps, pas été facile avant de réaliser qu’avec le public il était avant tout « avec des amis ».

Il a évoqué aux travers de petites anecdotes ses débuts d’acteurs dans Witness de Peter Weir, aux côté d’Harrison Ford qui était déjà consacré internationalement, mais aussi son premier stressant et troublant entretien avec Woody Allen qu’il a raconté avec beaucoup d’humour : « Au début c’est frustrant la carrière d’acteur, mais il faut garder son humour et rester têtu ».

Les spectateurs ont ensuite eu le droit de lui poser leurs questions. Évidemment, il a été interrogé sur son rôle dans Seigneur des Anneaux. Il a reconnu la chance de cette opportunité à ce moment de sa carrière et a conseillé : « C’est toujours possible de faire tout ce qu’on veut si on le veut vraiment (…) c’est important d’avoir de la chance mais il faut la préparer pour le moment où elle arrive ». Il a insisté sur l’importance du tournage de cette trilogie dans son apprentissage et a évoqué la possibilité de retravailler pour une grosse production mais sous plusieurs conditions. Cela lui serait possible uniquement si l’histoire et l’art proposé par le film soient en mesure de lui plaire mais surtout si l’auteur veut montrer quelque chose de différent.

Il a enfin parlé de sa première expérience en tant que réalisateur avec Falling. Il voulait exprimer, après la mort de sa mère et la maladie de son père, ce qu’il ressentait pour ses parents par le biais de ses propres souvenirs et faire un film pour lequel le spectateur s’interrogerait sur l’avenir de son personnage. Ce film tourné en cinq semaines visait cependant à donner l’impression d’un déroulement sur plusieurs saisons. Pour lui, faire un film c’est résoudre des problèmes du début à la fin mais il faut les prendre du bon côté. Pour les futurs réalisateurs, il a souligné l’importance de se dire avant de commencer son film : « Jamais trop, jamais trop tôt ».

Viggo Mortensen est un artiste aux multiples facettes. À la fois acteur, réalisateur, peintre, photographe ou encore écrivain, sa polyvalence fait écho à sa belle ouverture d’esprit le menant à toujours de nouvelles découvertes : « Toutes les choses que j’ai vu dans ma vie m’aident et m’influencent ».

Cette Master Class très vivante, nous a fait voyager dans l’univers du cinéma mais aussi à travers le monde. Polyglotte, il s’est exprimé en jonglant entre français, anglais et même espagnol. Un moment d’émotion, de rire et d’évasion pour l’ensemble des chanceux présents dans le public de la Comédie Odéon.

Pour en savoir plus sur Falling, retrouvez dès demain sur notre site et notre antenne l’interview qu’il a accordé au micro de Lyon 1ère.