Classé Monument Historique, l’orgue Cavaillé-Coll de l’église Saint-François-de-Sales (2e arrondissement) va connaître sa première grande restauration depuis sa création en 1880. Un chantier d’exception à hauteur de 1 633 949€ à débuté en décembre dernier pour durer 3 ans.
Ne subsistent plus que les charpentes nues et le buffet sculpté de l’orgue. Là où résonnaient encore les mélanges de ses 2780 tuyaux, un calme studieux s’est installé.
En décembre dernier, la restauration de grande ampleur a débuté de façon à redonner vie au « Joyau musical de la ville de Lyon », comme le surnomme Sylvain Godinot, adjoint au maire en charge du patrimoine. 3 années de travaux minutieux, entre démontage, travail en atelier, restauration sur site et remontage, pour une renaissance prévue fin 2027.
Construite en 1880 par le célèbre facteur Aristide Cavaillé-Coll, cette pièce comprend 45 jeux répartis sur 3 claviers et un pédalier. L’orgue de Saint-François-de-Sales n’a connu, depuis son installation, que quelques ajustements mineurs, ce qui en fait un témoignage rare de l’orgue romantique français.
D’autant plus unique qu’il ne se situe pas en tribune, mais en chœur, avec la puissance d’un orgue de tribune : un choix architectural audacieux.

La restauration, pilotée par l’agence Brottier, prévoit un relevage complet, avec démontage intégral des éléments instrumentaux. Le chantier sera mené par des artisans spécialisés comme la Manufacture Robert Frères, Denis Lacorre et Alice Quoirin, en lien avec la DRAC et les organistes titulaires.
Un investissement pour le patrimoine
Ce chantier s’inscrit dans le prolongement de la 4e Convention Patrimoine entre l’État et la Ville de Lyon (2019-2024). Il mobilise 1,63 million d’euros, dont 475 000 € par la DRAC, 80 000 € par la Fondation Saint-Irénée, et 50 000 € via la Fondation du Patrimoine, appelant aussi aux dons des particuliers.
Et cet effort s’intensifie : la Ville va voter ce jeudi une rallonge de 5,7 millions d’euros pour prolonger la convention, soit le plus gros effort financier jamais consenti par Lyon pour son patrimoine.

Un orgue tourné vers l’avenir
Au-delà de la restauration, c’est aussi un projet culturel et pédagogique qui s’esquisse. L’orgue est réputé dans le monde entier, notamment grâce à Louis Robilliard, ancien organiste titulaire, qui a attiré de nombreux étudiants étrangers. À terme, l’association Cavaillé-Coll a créé le concours international Louis Robilliard, pour célébrer le retour de l’instrument et renforcer sa vocation de transmission.
« Ici on s’est aperçu que tout est parfait, tout a été pensé intelligemment, Cavaillé-Coll a voulu faire un chef d’œuvre » résume Jean-Baptiste Hartmann, facteur d’orgue.
Photos : ©Clara Chalaye