Il est l’un des invités d’honneur de la 13e édition du Festival Lumière, accompagné d’une partie de l’équipe de son nouveau film, Édouard Baer a su illuminer les salles obscures lyonnaises.
Venu présenter les séances dédiées à Mademoiselle de Jonquière et Ouvert la nuit, Édouard Baer était avant tout attendu pour la projection en avant-première de son prochain film « Adieu Paris ! », Rue du premier film ce dimanche.
Alors que ce dernier sortira dans les salles françaises seulement en janvier prochain, les lyonnais ont eu le privilège de découvrir le nouveau long-métrage de l’artiste en tant que réalisateur.
Tourné en période de pandémie en trois semaines uniquement, Adieu Paris ! réunit dans un restaurant parisien une pléiade d’acteurs. Parmi eux : Benoît Poelvoorde, Isabelle Nanty, Léa Drucker, Ludivine Sagnier, Francois Damiens, Bernard Le Coq, Daniel Prévost, Jackie Berroyer ou encore Gérard Depardieu.
Ce huis clos crée une situation d’enfermement autour de « gens d’esprits qui se font des vacheries tout le temps comme de vieux amis », selon les mots de son réalisateur.
En effet, il présente avec beaucoup d’humour et d’affection, des personnages antithétiques, à la fois « lamentables et merveilleux », pris entre lâcheté et humiliation, qui se rassemblent autour de Yoshi. Ce dernier étant une figure mythique du théâtre de Peter Brook, s’est fait connaître par sa manière de jouer, étant toujours très zen, et s’endormant sur scène avant de reprendre la récitation de son texte.
Lors de cette avant-première déroutante en la présence d’Édouard Baer, Benoît Poelvoorde et François Damiens surexcités – qui ne se sont pas privés de se donner en spectacle – certains aspects du tournage ont été abordés.
Et ce avec une insistance particulière sur la grande part d’improvisation résidant au cœur du tournage alors que tout est écrit en amont.
Edouard Baer a souligné que, pour lui, la magie du cinéma repose en partie sur les imprévus, les déroutes inattendues qui laissent entendre qu’il se passe un « quelque chose » de puissant. Il aime que tout s’agence en direct en se disant incapable de réfléchir et de concevoir, préférant s’abandonner avant tout à la spontanéité.
Sa manière de tourner nécessite donc d’être réactif et demande aux caméras de se laisser surprendre pour aboutir à un « cinéma de réaction ». Par ailleurs, pour Edouard Baer, le spectateurs sentent instantanément à l’écran quand il s’est passé un courant puissant entre les personnages au moment du tournage.
En outre, il n’a pas manqué d’affirmer ne pas diriger ses acteurs mais de les laisser choisir ce qu’ils veulent donner. En donnant l’exemple de la générosité de Benoît Poelvoorde qui fait de la vie un spectacle partout où il passe.
Il laisse avant tout s’exprimer la personnalité de ses acteurs dans une création de personnages qui joue avec ce que les acteurs sont réellement, avec leur persona. Sans être leur portrait complet mais seulement leur reflet, ces personnages renvoient des traits de leur personnalité, ce qu’on prête aux acteurs, ce qu’on imagine d’eux. C’est pourquoi Édouard Baer a exprimé son besoin de connaître ses acteurs pour écrire ses dialogues.
Enfin après cette avant-première, ce grand invité d’honneur du festival Lumière a, comme le veut la coutume, inauguré sa plaque Rue du Premier film.