LYON 1ère

Quand l’opéra roule vers les publics éloignés : un bilan prometteur

Clara Chalaye

Clara Chalaye

Durant 9 semaines, le Camion-Opéra a sillonné les routes de 8 communes dans 7 départements d’Auvergne-Rhône-Alpes.  Porté par l’Opéra de Lyon et la Région, Le Sang du Glacier a permis à près de 4 500 personnes de découvrir l’art lyrique au cœur de leur commune. Les acteurs de ce projet dressent le bilan.

Dans leurs « rêves les plus fous » les responsables du Camion-Opéra Itinérants ne s’attendaient pas à un tel engouement. Sophie Rotkopf, vice-présidente à la culture de la région Auvergne-Rhône-Alpes, confie sa fierté devant les chiffres : 4 500 spectateurs, dont 4 000 n’avaient jamais vu d’opéra. « 90 % d’entre eux n’y seraient pas allés autrement », insiste-t-elle. Avec un taux de remplissage de 97 %, l’objectif d’accessibilité culturelle est plus que rempli.

Un opéra taillé pour la route

Le projet repose sur une prouesse technique : condenser une création Lyrique dans un camion de 6 mètres sur 8, transformé en véritable salle de spectacle de 97 places. 3 musiciens, 2 chanteurs lyriques et une œuvre inédite confiée à 3 jeunes femmes : Le Sang du Glacier, qui aborde les thématiques du changement climatique. Une création pensée pour tous les publics.

Un quart des spectateurs étaient des collégiens, lycéens voire même des écoliers. Richard Brunel, directeur de l’Opéra de Lyon, se rappelle : « Je n’oublierai pas ces collégiens qui sont venus l’après-midi et qui ont obligé leurs parents à voir le spectacle le soir. »

L’Opéra itinérant à Saint-Germain des-Fossés, février 2025 ©Opéra de Lyon

Des murs tombent, au sens propre comme au figuré

Loin de rester cantonné aux grandes villes, le projet s’est installé dans neuf communes de sept départements, parfois en zone très rurale. À Ceyzérieu, dans l’Ain, la maire Myriam Keller a dû faire démolir un mur inscrit au PLU pour permettre l’installation du camion. « Une aventure exceptionnelle », se réjouit-elle.

Pour Fabrice Pannekoucke, président de la commission culture à la Région, c’est un symbole fort : « La culture n’a de sens que si elle irrigue les territoires. »

Devant ce succès, une nouvelle tournée est déjà envisagée pour 2026, avec l’envie d’explorer d’autres départements comme la Savoie, l’Isère ou la Haute-Loire. L’équipe pense aussi à une seconde création : « j’ose même rêver d’une nouvelle création et d’une nouvelle itinérance pour 2027-2028 », admet Richard Brunel.

L’objectif : renforcer encore les liens avec les lycées, les petites communes et les publics éloignés, et faire en sorte que cette « culture pour tous, partout sur les territoires » devienne une réalité durable.