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DEPISTAGE COVID-AIR A LYON, UNE PREMIERE MONDIALE

Gregoire Levy

Gregoire Levy

Une nouvelle machine permettant de détecter le Covid-19 presqu’instantanément se trouve à Lyon. Installée au centre de dépistage de Gerland et baptisée Covid-Air, elle utilise le souffle généré par l’expiration pour détecter l’infection. Un protocole unique au monde.

Un nouveau type de dépistage est installé au centre de dépistage de Gerland, à Lyon. En place depuis début mars, la machine, baptisée Covid-Air, utilise le souffle généré par l’expiration pour une infection. Une première mondiale, qui permet de dépister plus rapidement.

Cette machine est issue des recherches d’une équipe de spécialistes de l’Institut de Recherches sur la Catalyse et l’Environnement de Lyon. Ce dernier, situé à Villeurbanne, existe depuis 2007. L’équipe en question est spécialisée dans l’analyse de l’air ambiant extérieur. « Donc la pollution de l’air », résume Christian George, directeur de recherches au CNRS et membre de l’équipe travaillant sur Covid-Air. Il affirme qu’ils disposent « de capacités d’analyses assez uniques en terme de mesures de composés organiques volatiles, ces fameux COV. »

Un dépistage simple, des résultats rapides

Alors concrètement, comment fonctionne un dépistage avec la Covid-Air ? Actuellement lorsqu’une personne arrive au centre pour se faire dépister, elle subit un test PCR, bien connu du public. Ensuite, le spécialiste ayant pratiqué le test propose à la personne en face de lui de se faire également dépister par le nouveau procédé Covid-Air. Si le « patient » accepte, il lui suffit alors de souffler jusqu’à une dizaine de secondes dans un embout, relié par un tuyau à la machine. A l’image d’un éthylotest, il s’agit d’un dépistage par « air expiré ». Cette machine permet d’avoir un résultat quasiment instantané.

« On analyse la composition chimique de ce souffle, et on est capable de voir la présence ou l’absence de traces chimiques de la maladie Covid », abonde Christian George. Il poursuit en expliquant l’origine de ces recherches, qui ont débuté en 2020 : « on s’est posé la question de savoir si, à travers l’analyse de COV dans l’air expiré, on ne pourrait pas poser un diagnostic de la maladie Covid. »

C’est quoi « Covid-Air », avec Christian George, directeur de recherches au CNRS

Les premiers tests de la machine ont commencé l’année dernière, en partenariat avec les Hospices Civils de Lyon, à l’hôpital de la Croix-Rousse situé dans le 4e arrondissement. Ces premiers essais ont été pratiqués sur des patients en hospitalisation pour cause de Covid-19. Ils ont « extrêmement bien » fonctionné, puisqu’il y avait un taux de « concordance », autrement dit de réussite, de près de 95%.

Les spécialistes sont aujourd’hui présents au centre de dépistage de Gerland pour voir si ce protocole fonctionne sur les personnes asymptomatiques, où sur les cas les moins graves. Covid-Air étant encore en phase de test, aucun chiffre sur sa fiabilité pour l’ensemble de la population n’est disponible. Un tel chiffre « sera connu dans un mois ou deux », d’après Christian George.

Un protocole économique et pratique  

« C’est un protocole développé par le CNRS ici à Lyon », explique-t-il, souriant derrière son masque. Par conséquent, la machine a été financée par la région Auvergne Rhône-Alpes, ainsi que l’Etat. Cela représente plusieurs centaines de milliers d’euros. Les personnes investies dans la recherche autour de cette machine représentent le plus gros coût. Mais « l’analyse elle-même, le coût du diagnostic, est extrêmement bas ». En effet, une fois la machine payée, la seule pièce à changer à chaque test est l’embout par lequel les personnes soufflent. Son coût est estimé à « quelques centimes ».

Economique, Covid-Air se révèle aussi très pratique. Elle ne demande pas forcément de former le personnel médical à son utilisation. Le spécialiste affirme que cette machine peut devenir plus autonome : « si le protocole est validé, ça peut être très automatisé ». Par exemple, « on peut imaginer que le test démarre automatiquement quand la personne commence à souffler, et qu’il s’arrête automatiquement quand la personne arrête de souffler ». Il évoque aussi un possible système de lumières au moment du résultat, avec vert pour « positif » et rouge pour « négatif ».

Enfin, Covid-Air représente une première mondiale, bien que plusieurs personnes travaillent sur des diagnostics de ce type. Mais « nous sommes probablement à ce jour les plus avancés », ajoute le directeur de recherches au CNRS. « On va tester dès la semaine prochaine sur Lyon une deuxième machine », poursuit-il, avant d’annoncer : « et ça, c’est une première mondiale, encore une fois. »

Mettre à disposition ce genre de machine dans tous les centres de dépistages à l’avenir est possible. Mais comme souvent, il s’agit d’une « question de temps et d’argent », fini par confier Christian George.